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Colis postaux 

COLIS POSTAL D’ALSACE-LORRAINE

 

Un peu d'histoire postale

 

Le «colis postal» fut créé suite à une décision de l'U.P.U., homologuée le 3 novembre 1880, concernant l'extension de l'exploitation postale à des objets de faible poids.

Le poids maxi à l'origine était de 3 kg. Il sera élevé ensuite à 10 kg (1896), puis à 20 kg (1925).

À l'époque, si certains pays choisirent le mode d'exploitation par la Poste, la France optait pour une gestion de ce service par des compagnies sous-traitantes. Pour les colis acheminés par voie de terre sur tout le territoire, hors Paris, et l'étranger, la concession fut remise aux Compagnies de chemin de fer. Pour Paris, ce fut la compagnie des Messagers Nationaux, à laquelle succédait en 1890 la Compagnies des colis postaux de Paris pour Paris. Différentes compagnies maritimes acheminèrent par mer les colis à destination des possessions françaises d'Outre Mer et l'étranger.

Les bulletins d'expédition avaient une valeur fiduciaire correspondant à la taxe d'acheminement du colis (c'étaient donc des entiers postaux), à laquelle s'ajoutaient des taxes additionnelles (apport à la gare, à domicile, exprès, valeur déclarée, remboursement et colis encombrants) matérialisées par des timbres spéciaux.

 

En Alsace-Lorraine, annexée à L'Empire allemand de 1871 à 1918, l'acheminement des colis postaux fut assuré par la poste impériale. Lors du retour à la France en 1919, il était décidé de ne pas changer le système en place et les P.T.T. français se chargèrent du service des colis postaux à l'intérieur des territoires recouvrés: les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle.

Contrairement au "système français", les bulletins d'expédition ne présentaient aucune taxe d'acheminement, c'étaient des imprimés postaux. Toutes les taxes de transport et additionnelles étaient acquittées par des timbres-poste assortis d'un timbre fiscal dont la valeur était incluse dans le total de l'affranchissement. L'oblitération des timbres-poste et fiscaux était toujours effectuée par les cachets à date postaux.

Aussi, entre 1918 et 1940, «si la prise en charge du colis et la forme de taxation différait de ce qui se passait dans le reste du territoire, il n'en reste pas moins que sur un point capital - les tarifs de transport et les taxes accessoires - les dispositions étaient rigoureusement les mêmes, ce qui d'ailleurs était logique pour un même service» [MM Devries et Dumont - FM 219 - 1979].

Pour les acheminements depuis ces départements vers les autres départements français, il se faisait en correspondance avec le chemin de fer, par l'intermédiaire de bureaux installés dans des gares en limite du réseau de l'Est: Pagny sur Moselle, Igney-Avricourt et Petit-Croix.

 

    Le document et quelques explications

 

C'est un bulletin d'expédition pour un colis de 9 kg, envoyé le 28 décembre 1931 de Sarrebourg (Moselle) pour Saint Etienne (Loire).

●  Droit de timbre pour un poids de + de  5kg = 1 F (tarif appliqué depuis le 9.8.1926)

Nota: «À partir du 20 août 1920, les frais d'expédition des colis furent soumis comme dans la législation française au droit de timbre. Les bulletins d'expédition devaient comporter en plus de l'affranchissement postal, une vignette fiscale. En compensation le montant des affranchissements en timbres-poste fut réduit du montant du droit de timbre fiscal» [P. Boutserin - FM270 - 1992].

●  Taxation postale en correspondance avec le tarif du 1.3.1928 :

taxe d'acheminement pour un poids de 5-10 kg = 9 F

taxe "à domicile" (selon mention manuscrite) pour un poids jusqu'à 10 kg = 1 F 45.

Soit un montant de 10 F 45, diminué du droit de timbre = 9 F 45 acquittés en timbres-poste.

 

Les timbres-poste avec "trou": les timbres «Cathédrale de Reims» sont dits "pré perforés"(c'est-à-dire perforés avant l'emploi) comme il était prescrit pour toutes les valeurs égales ou supérieures à 3 F.

La perforation circulaire d'un diamètre de 8 mm est postale, typique du bureau de poste de Sarrebourg qui fut le seul à effectuer des trous de ce diamètre (mentionné au catalogue Maury). Ces perforations régulières furent probablement produites par une machine dont l'origine n'est pas encore connue. On peut espérer qu'un éminent philatéliste puisse un jour, le découvrir.

 

À noter la présence de la vignette rose avec inscription «par / Igney-Avricourt / Is-sur-Tille»: conformément aux instructions, cette étiquette d'acheminement était collée en bas à droite par le bureau expéditeur.

 

L'utilisation thématique

 

Certes les éléments thématiques du document sont relativement restreints. Cependant, il peut trouver une place dans un thème religieux, ou sur l'architecture, ou de transport par chemin de fer, ou d'une "saga sur les trous" (je n'ai pas résisté à ce petit clin d'oeil !), ou d'autres au gré de l'imagination du thématiste. Mais ne pas oublier le rapport direct avec le développement du thème.

 

Michel Vantillard