Un entier postal sur papier buvard
En Espagne, sous le règne d’Alphonse XIII, des entreprises privées ont pu imprimer, entre 1925 et 1931 (pas de date d’émission déposée), des entiers postaux avec l’autorisation préalable de l’Administration postale qui signalait la numérotation qu’il devait avoir et la valeur d’affranchissement autorisée.
A notre connaissance, ils ont été émis en petite quantité (?). Les documents neufs sont assez courants, par contre ils sont relativement rares oblitérés.
La deuxième République espagnole fut proclamée le 14 avril 1931, pourtant certains de ces entiers (sûrement imprimés en 1931) pouvaient encore être utilisés à conditions que la vignette soit barrée d’un trait et la couronne réale soit masquée.
Pour le document présenté, il s’agit d’une carte double, neuve, avec une vignette de 5 centimes – effigie Alphonse XIII – de couleur lilas, identique au timbre adhésif (YT 273) de la série émise en 1922-1930.
Il est imprimé sur papier buvard. La raison nous est inconnue.
entier espagne
(1) : le numéro A.092492 est celui du contrôle du timbre par l’Administration postale.
La vignette est barrée d’un trait bleu. L’entier pouvait donc encore servir.
La valeur de 5c permettait un usage intérieur.
(2) : un cachet commercial vert du magasin d’art de Barcelone qui avait l’intention de l’utiliser. Cependant, il ne semble pas être le créateur de l’entier.
entier espagne verso
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(4) : La couronne réale est occultée par un tampon de couleur bleu, comme il se devait. Elle est entourée par : Orfèvrerie et bijouterie D. Garcia. Nous pouvons supposer que ce magasin est l’auteur de l’entier.
Sont ensuite mentionnées deux adresses.
La première : «Esparteros» = alfatier, celui qui travaille l’alfa, une plante herbacée dont on faisait de la pâte à papier. En supposant que ce nom de rue provenait des fabricants du quartier… ce peut être une explication pour l’origine du papier buvard, certes incertaine, mais possible.
La seconde : «Cale de la sal», tiens du sel, avis aux amateurs !
L’illustration parle d’elle-même, et, en dessous «PAPEL SECANTE» (papier buvard). Cette double carte est en effet fabriquée avec du papier buvard. Pourquoi ?
Ce qui nous a vraiment intéressé dans ce document peu vu en expositions françaises, c’est la publicité pour le cristal de Baccarat (pour la collection «Lorraine») et, bien sur, la particularité philatélique du document et de son support. Dommage qu’il n’ait point voyagé (Nous en souhaitons toujours plus !).
Merci à Michel Menchon et Joseph Pedro pour leurs aides et traductions.
Michel Vantillard